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Daniel Côté - Le Quotidien
(Chicoutimi) Ceux qui ont vu Salvatore Adamo il y a trois ans, au Théâtre du Palais municipal de La Baie, savent que cet artiste demeure au sommet de son art, malgré ses longs états de service. Sa voix est demeurée intacte, au même titre que sa curiosité intellectuelle, ainsi qu'il l'a démontré il y a quelques jours, lors d'une entrevue téléphonique accordée au journal.
Le prétexte derrière cette conversation avait été fourni par son nouvel album, La grande roue, sorti récemment au Québec. Très vite, le chanteur originaire de la Belgique, qui vit dans le voisinage de Bruxelles, a élargi le débat. À propos de la pièce-titre, par exemple, où il est question du comportement illogique des humains, il a débordé sur l'astrophysique.
«Depuis quelques années, j'assiste à des colloques qui portent sur cette discipline. Je suis curieux de mes origines», rapporte Adamo. Il venait d'évoquer la folie des hommes, leur barbarie, qui contredit leur désir de transcendance. La grande roue, c'est sa façon de les remettre à leur place, de percer la «balloune» de leur prétention.
«J'ai en mémoire un dessin de Quino qui représente un homme à genoux, faisant une chiquenaude à une araignée. Derrière lui, on voit une grande main qui s'apprête à faire la même chose avec lui», mentionne le chanteur. Il aime cette image qui relativise la place occupée par les humains, tout comme la formule de Rilke, qu'on peut découvrir dans Lettre à un jeune poète.
«Il a écrit que si on mettait un homme de Cro-Magnon en face d'un humain d'aujourd'hui, celui-ci serait l'équivalent de Dieu. Imaginez, alors, ce qu'on pourra faire plus tard», s'émerveille Adamo.
Retour en 2013?
D'autres titres évoquent le passé, notamment l'hommage rendu à un cousin qui fut également son directeur de tournée, Je vous parle d'un ami. Il serait tentant d'y voir un réflexe nostalgique, ce qui n'est pas entièrement faux, ni totalement vrai. En fait, Adamo respecte ce qui fut, tout en se montrant fasciné par certaines caractéristiques de notre temps.
«J'aurai bientôt 69 ans et les changements qu'on a pu vivre sont impressionnants. À un moment donné, par exemple, je jouais à la pétanque dans le Midi quand mon fils m'a téléphoné de San Diego, où il apprenait à devenir pilote d'avion. J'ai pris l'appel avec mon premier portable et dans ce temps-là, pour le faire fonctionner, ça prenait quasiment une centrale autour du cou», lance-t-il en riant.
Son goût pour l'innovation demeure toutefois bien balisé. Pas question pour lui d'écrire dans le jargon des textos, comme c'est devenu la mode. Faire jeune, ce n'est pas son truc, surtout dans ses chansons. «J'essaie de rester un artisan en matière d'écriture. Je suis un puriste de la langue et je remets 100 fois sur le métier. Je peux chercher un mot pendant 15 jours», décrit-il.